Une femme décrit la vague d’immigration en Grèce. ΕΡ.: Et pour quelles raisons avez-vous décidé d’immigrer au Canada? Σ.Ζ.: Je ne sais pas moi-même… pourquoi j’ai décidé de venir au Canada. Parce qu’à l’époque, il y avait une vague où tout le monde partait et allait à l’international, certains en Australie, d’autres autre part encore. Un peu partout. Et nous avions… eeh.. nous avions… Nous n’étions pas jaloux, nous voulions partir, il y avait cette vague qui poussait la Grèce vers l’étranger. Tout le monde. Pas la Grèce. La Grèce ne nous a jamais poussé à partir. Si tu voulais rester tu restais. Parce que personnellement, j’avais fait en Grèce une demande de départ à l’étranger à laquelle on m’avait répondu que je n’étais responsable : « Si tu veux partir à l’étranger, ce n’est pas nous qui t’enverrons là-bas ». Mais c’était une invitation. L’un partait, et je le voulais aussi. Dans mon cas, ma sœur était déjà partie là-bas et… je ne voulais pas car j’avais un bon travail. J’avais, j’étais coiffeuse à Athènes et je travaillais, j’avais appris ce métier et ne voulais pas partir, mais ma sœur était là-bas. « Viens, viens, viens, viens » et.. elle m’a convaincue et je suis venue. Mais j’avais pris la décision de partir et que si je…. Alors je partirais encore pour aller cette fois en Australie. ΕΡ.: Aah! Σ.Ζ.: J’étais vraiment déterminée à partir. J’y suis allée. Après, les choses ont changées, et après l’Australie, ma soeur est allée au Canada et m’a fait venir là-bas. ΕΡ.: Vous parlez d’un mouvement de vague qui était présent en Grèce, comment vous êtes-vous familiarisé avec ce mouvement? Vous les avez-vu ? avaient-ils des publicités…? Σ.Ζ.: Non, pas de pubs. À chaque bateau qui partait, qui faisait des allers retours vers l’Australie, on entendait les gens le matin, dans les maisons… et ils criaient. Dans le bus, on entendait des cris et des pleurs. Et un jour j’ai dit à ma mère : « quelqu’un est mort ». Mais elle me répondit : « Non mon enfant, personne n’est mort. C’est la vague. Ce sont les Grecs qui partent. Ils font leurs adieux à leur patrie… pour s’en aller autre part. » ΕΡ.: Je comprends. Σ.Ζ.: « C’est la vague ! » Et…je suis restée. À cette période je n’avais pas encore commencé à penser à l’étranger et je lui avais répondu : «Pourquoi partent-ils ? » Car ils sont forcés… par la pauvreté, et plus tard par la guerre. Tu vois, plein de choses. On était obligés d’y aller. Que pouvions-nous faire ?