Contact avec la société Canadienne et les communautés d’immigrés
« Maudite Grecque »
ΕΡ.: Est-ce que ça a changé au cours du temps ? Π.Ρ.: Écoute. Je n’avais pas le courage d’en parler à qui que ce soit à l’époque. Je suis allée à l’usine pour travailler à… ici sur Saint-Dominique. Quand je suis venue. Je suis allée au travail. J’étais enceinte et j’ai donné naissance à Georges et ma jeune belle-sœur s’occupait de l’enfant, parce qu’elle était également enceinte. Et je suis allée travailler sur Saint-Dominique. Là où le parc se situe, là-bas. Laurier et Saint-Dominique. Tu sais ce qu’ils m’ont dit ? Je voulais parler avec mon français, que j’avais appris à l’école. J’ai dit : « Bonjour ». Et l’un d’entre eux m’a répondu : « […] grecque ». C’était la nouvelle chose que j’ai vu… des Français. « […] grecque ». Mais… même ça, ça m’a aidé. Je n’ai eu aucun contact après. J’avais peur. Parce qu’ils m’ont insultée. Parce qu’on a pris leur boulots. Nous, les immigrants, on est venus et ont a volé leurs jobs. Ne comprend-tu pas ? Et ces Français ne voulaient pas de nous. Parce que certains disaient que « ces personnes étaient venues pour manger notre pain ». Tu comprends ? Et ces années étaient très compliquées. Maintenant ? De nos jours c’est un jeu d’enfant ? Maintenant, ils passent par ici. « Bonjour Madame ! Comment allez-vous ? ». Tu vois. C’est sympa, eh ! Voir une personne te sourire le matin, quand tu sors. Et je les aime tous. […] Tu sais. Des mots sympas. La vie est différente maintenant. Et différente avant. À l’époque ils ne nous connaissaient pas. Ils nous insultaient. […] grecque » ils nous disaient.