Permits «Montréal est forcée d'émettre des permis pour le New Faros», Le Devoir, 4/2/1974, p.11. Source: Immigrec
Permis de travail et barrière de la langue
Un homme décrit comment il a trouvé difficile d’ouvrir son propre barbier à cause des examens écrits et oraux qu’il fallait passer. Γ.Γ.: Mon premier travail était dans une usine qui était au 1245 Saint-Urbain. C’est proche de […] et ils faisaient des vêtements. Peu importe, je n’étais pas habitué aux jobs lourds et exigeants, car depuis que j’étais enfant, j’étais barbier. Et du haut des cent vingt d’où j’étais, je ne pouvais pas travailler dans des emplois difficiles et j’essayais de trouver un moyen d’obtenir mon permis de travail pour pouvoir être barbier. Ce fut la chose la plus difficile au monde. ΕΡ.: Pourquoi? Γ.Γ.: Parce que… Est-ce que votre « Pourquoi » a été entendu? ΕΡ.: Oui, je pense. Oui, oui. Oui. Pourquoi? (Rires) Γ.Γ.: Parce que c’était une profession restreinte, je ne connais pas le mot en grec. Et on devait passer des examens. Mon anglais était non-existant, sans même parler de mon français. Mon grec était de niveau élémentaire, avec occupation, pieds-nus et affamé. C’était difficile d’avoir la carte pour exercer cette profession. ΕΡ.: Les examens étaient en anglais ou en français ? Γ.Γ.: À cette époque, on avait l’opportunité d’écrire en grec, tant qu’on prouvait qu’on avait passé le secondaire 3. ΕΡ.: Ok. Comment les avez-vous écrit? Γ.Γ.: Je les ai écrit. J’ai réussi à avoir le premier. Mais il y avait un second examen, qu’on devait passer en anglais. Jeune comme j’étais, je pense que c’est la raison, ou parce que j’avais tendance à apprendre plus d’anglais que les autres malheureux qui encore aujourd’hui ne savent pas parler anglais. J’ai eu l’opportunité d’apprendre un peu plus. J’ai lu un livre qu’ils nous ont donné. Il s’appelait « Cours d’hygiène ». ΕΡ.: Cours d’hygiène. Γ.Γ.: Je l’ai beaucoup lu et j’ai réussi l’examen. C’est comme ça qu’on obtenait le droit d’ouvrir un magasin à l’époque, sinon on ne pouvait pas. ΕΡ.: Vous avez appris… Γ.Γ.: Aujourd’hui par contre… Mais je dois finir. ΕΡ.: Oui, oui, désolée. Γ.Γ.: Aujourd’hui par contre ils font venir des quatre coins du monde, ils ne demandent même pas si tu es barbier, cordonnier ou épicier et tu peux ouvrir des magasins comme ça. On ne pouvait pas. On avait pas ce luxe.