Une femme raconte qu’elle a été forcée d’immigrer, car son père n’avait pas les moyens de payer sa dot. Γ.Τ.: Nous étions très pauvres, et j’avais quatre autres frères et sœurs et j’étais la cinquième. Mon père, après que je sois née, devaient marier mes sœurs et payer leur dot. Le système était comme ça à l’époque, et mon père n’avait plus assez d’argent pour ma dot donc il a décidé de m’envoyer à l’étranger. La seule solution était que je parte car mes autres frères et sœurs étaient trop jeunes pour émigrer tout seuls. J’étais l’aînée, et mon père a décidé de m’envoyer soit en Australie soit au Canada. Il avait lu quelque part que le Canada était un bon pays et il s’est occupé de m’envoyer en tant que -désolée-, en tant que couturière car à l’époque le Canada accueillait beaucoup de couturières. J’avais appris un peu à coudre et après avoir pris des cours d’anglais pendant un mois pour pouvoir communiquer sur place, le Canada a fermé ses portes aux couturières. Ils n’accueillaient plus les couturières, donc mon père a pensé de m’envoyer plutôt comme domestique, car à l’époque le gouvernement les acceptait. Mon père s’est occupé de trouver un avocat at dans Lévidi à Tripoli pour obtenir une fiche, sur laquelle il certifiait qu’il m’avait eu en tant que bonne et tous les papiers furent rassemblés dans le 6 mois dans mon immigration. ΕΡ.: Donc cet avocat vivait au Canada, non? Γ.Τ.: Non, non, en Grèce, c’était comme ça que les choses marchaient à l’époque. Ceux qui voulaient partir à l’étranger remplissaient des documents, point barre. Que faire d’autre? Comment aller au Canada? Le Canada avait besoin de domestiques, il y avait une demande de domestiques. ΕΡ.: Vous êtes allée dans une école de domestiques en Grèce? Γ.Τ.: Non, je n’y suis pas du tout allée, le document que cet avocat a signé était un faux (Rires). ΕΡ.: Maintenant je comprends, et aviez-vous des connaissances au Canada ? Γ.Τ.: Non, je n’avais personne. Il y avait un comité qui s’est occupé des papiers et documents. On voyait des docteurs pour vérifier si on avait des maladies, pour vérifier, j’ai dû aller à Athènes voir un docteur, voir un comité qui nous posait des questions. À l’époque il y avait aussi l’aspect politique, car après 1940 les Allemands sont arrivés en Grèce, et après 45 on a eu la Guerre civile. Bien sûr, j’étais jeune et ils me demandaient tout, on devait avoir un, je ne sais pas comment le dire, un avis politique « propre », comme ils le disaient.