Une femme évoque les différentes raisons qui l’ont poussée à immigrer au Canada. ΕΡ.: Pour quelles raisons avez-vous décidé d’aller au Canada? ΑΝ.: Si vous me le demandez là, tout de suite, enfait euh.. je ne peux pas vraiment répondre. J’avais presque fini le lycée, je voulais faire quelque chose. Je ne sais pas. C’était spontané, une impulsion qui m’a prise. Plusieurs motifs. Et un matin j’ai décidé ah… Mon père devait… puisque je n’avais pas 18 ans, il devait signer. À deux reprises, il a refusé. La troisième fois, la troisième fois je lui ai dit : « Soit tu signes, soit je pars ». Je ne sais pas… Je n’ai jamais rien regretté, car je suis très, très fière. Mais souvent, je me pose des questions. Je pense que même si j’étais restée en Grèce à cette période, ça m’aurait fait du bien. ΕΡ.: Vraiment? ΑΝ.: Je pense, mais c’est une question à laquelle on ne peut répondre. (Rires) ΕΡ.: Et ce mouvement dont vous parlez, comment l’avez-vous vu ? Où l’avez-vous vu ? Connaissiez des gens qui étaient partis ? ΑΝ.: Non, c’est juste que… j’ai toujours aimé lire plein de magazines à côté des livres scolaires et j’ai vu une… pub qui… on devait avoir fini sa troisième année de secondaire pour aller au Canada. Je me suis inscrite. Je pensais… que j’allais venir et… trouver quelque chose… de mieux. Même si au début c’était très difficile, ça s’est arrangé plus tard. Spontanéité ? Je ne sais pas. Et je vous ai dit que je ne le regrettai pas… car… je vais bien. Par contre… je suis toujours nostalgique. Que dire… Je suis 100% grecque. Je vis et… tout ce que je fais est toujours grec. Tout en grec, je suis dans la communauté grecque. Je suis fière. Je suis restée grecque… mais je suis restée aussi canadienne. ΕΡ.: Oui. Je comprends. ΑΝ.: Il y avait écrit que c’était un pays sûr… qu’on pouvait espérer une vie meilleure. À l’époque, en 62, après la guerre, la Grèce n’était pas comme elle est aujourd’hui. Il y avait la pauvreté, il y avait des problèmes politiques et… beaucoup d’enfants étaient cachés, car les parents disaient qu’ils avaient… ils n’étaient pas communistes, ils n’avaient donc pas de perspectives. Et je ne peux pas… Je pense que… c’est plus ma spontanéité… car mes parents aidaient deux enfants à étudier, dans le village de Vrachati, ils payaient le loyer et tout ce qu’il faut, et je pense qu’à ce moment mon frère et moi avons dû décider qui de nous deux allait continuer. Ou il fallait que je me marie. Je ne faisais pas partie de ces gens qui voulaient se marier et rester au village. Donc, je suis partie et plus tard j’ai aidé mes parents et mon frère et ils vécurent une vie meilleure.